Depuis près d’un siècle, les femmes palestiniennes luttent contre le colonialisme, l’impérialisme et toutes formes d’oppression. Pour leurs idées et leur implication réelle ou supposée dans la résistance, des milliers d’entre elles ont été arrêtées et emprisonnées par l’armée israélienne dans des conditions inhumaines et sans procès. Nahla Abdo, elle-même arrêtée pour avoir lu des poèmes révolutionnaires, a échangé avec d’anciennes détenues politiques, incarcérées dans les années 1960 jusqu’à la fin des années 1980, une période encadrée par la Naksa et la première Intifada. À travers leurs témoignages, elle analyse le système carcéral israélien, ses méthodes, son extrême violence allant jusqu’à la torture psychologique, physique et sexuelle, et le contexte dans lequel se déroulent ces arrestations : l’occupation et la colonisation de la Palestine par Israël, soutenu par des puissances occidentales. Mettant en relation les expériences d’autres femmes détenues politiques dans le monde (Algériennes, Libanaises, Marocaines, Nord-Irlandaises…), Nahla Abdo souligne également le silence d’un féminisme institutionnel marqué par l’orientalisme à propos des résistantes palestiniennes, souvent considérées comme peu éduquées ou même terroristes. À rebours de cette perception, elle donne voix à des femmes fédérées par une culture révolutionnaire nourrie de textes symbolisant le combat pour la liberté. La Révolution captive montre aussi que la lutte des détenues politiques ne s’arrête pas aux portes des prisons : à l’intérieur de celles-ci, les Palestiniennes poursuivent leur engagement par la résistance aux pressions, aux interrogatoires et aux ordres, la grève, la solidarité, l’échange de savoirs et la formation collective. Ce livre, l’un des premiers sur le sujet publié en France, vient contrer l’invisibilité qui entoure les détenues politiques palestiniennes et rappelle leur place majeure dans la lutte pour l’indépendance de la Palestine.